S’inspirer des startups : les deux postures à adopter !

Frédéric Watine, DG Immersive Experience

1er septembre 2019

Après 30 ans dans des grands groupes (Générale des Eaux, Accenture, AXA, …), la création de OSCARh m’a donné l’occasion depuis 3 ans de côtoyer de près le monde des startups.

Souvent, d’anciens collègues me posent la question : alors ? qu’est-ce qui est vraiment mieux chez ces jeunes pousses ? qu’est-ce qui explique leur succès ? que faut-il vraiment importer des startups dans nos grandes organisations ?

 Nous sommes des fervents lecteurs et supporteurs de « Reinventing Organizations » de Frédéric Laloux et nous invitons tout manageur & décideur à lire et s’inspirer des exemples et des conclusions du livre pour révolutionner la façon de penser, d’exécuter, de piloter le busines dans le monde de demain.

Très modestement, nous apportons dans cet article le retour-terrain issu de la centaine d’immersions organisées par OSCARH et Immersive Experience dans des startups de tous secteurs d’activité, à Paris et en province, de maturité et tailles diverses, et ayant connus des grands succès mais aussi des échecs, voire des cessations d’activité.

 Selon nous, il y a quelques postures qui peuvent expliquer l’attractivité et la réussite des startups les plus intéressantes que nous ayons croisées (TooGoodToGo, Joone, Procsea, Bear, Citymeo, Artifakt, Epicery, Kolibree, Shipup, …)

Pour démarrer 2019, nous proposons d’en mettre deux en avant. Deux postures qui nous paraissent être des marqueurs des startups à succès, et qui surtout nous semblent devenues quasi absentes des organisations du travail des grands groupes avec lesquels nous avons collaborés : l’ouverture et l’audace.

1. L’ouverture :

Clairement, c’est ce qui surprend le plus nos startuppers quand ils accueillent des managers de grandes organisations : ces derniers semblent avoir totalement perdu le goût de s’ouvrir à l’extérieur, de s’intéresser à ce qui arrive hors de leur propre département, chez leurs concurrents, dans les startups, et plus généralement dans le monde. Ils ne connaissent et ne savent (bien) parler que de leur environnement, de leurs enjeux, de leurs objectifs, … et ont énormément de mal à les mettre en perspective, d’y mettre du sens, à « pitcher » leur métier…

Manque de compétences ? pas du tout !  Manque de temps à y consacrer ? sans doute mais nous pensons que c’est une fausse bonne excuse.

Non, le mal est plus profond : on ne s’intéresse plus à l’autre, on n’écoute plus son environnement, on ne cherche plus à ouvrir ses yeux et ses oreilles, on a peur de de la nouveauté, de l’inhabituel, de la surprise … bien au contraire, on se conforte dans le respect des procédures, on aime décider en se basant sur les mêmes scénarios et critères de choix, on se sent confortable dans l’uniformité, on n’ose plus se questionner soi-même, on se rassure sur ses habitudes et certitudes, …

« Vos préjugés sont vos fenêtres sur le monde. Nettoyez-les de temps en temps ou la lumière n’entrera pas » Isaac Asimov

Comment en 2019 se redonner de l’air, comment se ré-ouvrir à l’autre, comment concrètement challenger ses  habitudes ?

Sur le papier, cela semble assez simple et à la portée de tout manager :

1. Redonnez-vous du temps ; libérer des créneaux dans votre agenda par exemple le mercredi à partir de 16H ; pas de réunions, rien de planifié, juste du temps dispo …

2. Pendant ce créneau, lâchez prise, acceptez de laisser au vestiaire vos préjugés, vos certitudes, vos habitudes ; questionnez, ouvrez vos yeux et vos oreilles, étonnez-vous ! ne vous fixez aucun objectif précis, pour une fois ce n’est pas un exercice de performance, juste de partage et d’apprentissage, …

3. Ouvrez-vous chaque semaine à une nouvelle activité : invitez le nouveau stagiaire à prendre un café et écouter son rapport d’étonnement, demander à votre collègue du Codir de vous inviter à visiter son département du 4ème étage, aller marcher 1 heure avec un de vos collaborateurs dans la ville, sortez avec vos équipes sur le terrain, allez les regarder travailler, …

4. Sortez, explorez … ne restez surtout pas dans votre microcosme ; le monde change et il a du mal à pénétrer votre grande organisation ? alors c’est à vous de devenir explorateur ! Sortez visiter ceux qui sont en train de bouleverser votre monde : Les concurrents, les startups, …, allez flaner dans des événements (ex : TEDx, Vivatech, …), enrichissez votre réseau, débattez avec des gens hors de votre cercle habituel, lisez quelques livres incontournables (ex : Lean Startup de Eric Ries), abonnez-vous à des newsletters différentes (ex : Time to Philo, …), enrichissez-vous, challengez-vous.

 2. L’audace :

 Corolaire de la posture d’ouverture, nous proposons aussi de remettre l’audace comme une posture-clé des grandes organisations. Parce que là aussi, les immersions ont été un sacré révélateur : quels qu’étaient les grands groupes d’origine, les managers en immersion ont tous été surpris par le niveau de confiance des équipiers en startups, de leur capacité à proposer en permanence, à oser, à tenter, à agir plutôt qu’à parler / discuter, à challenger en permanence l’idée initiale, …  Les managers étaient venus s’immerger pensant s’approprier des processus ou autres approches géniales de créativité et d’innovation, et en fait, ils ont découvert des comportements simples, directs, … avec beaucoup d’audace à tous les échelons de l’organisation du travail.

 Comment remettre de l’audace dans les grands groupes ? La démarche est un peu plus profonde et nécessitera donc un peu plus de temps, mais rien d’impossible !

Voici là aussi quelques conseils pour démarrer :

1. Utilisez ce que vous avez appris en vous ouvrant aux autres ; être audacieux ne veut pas dire réinventer seul(e) la roue … bien au contraire, cela veut dire allez se challenger et chercher auprès d’autres des idées qui bousculent ce que vous connaissez déjà, apportent d’autres perspectives, … l’idée audacieuse viendra d’éclairages venus d’ailleurs et pas d’une rumination solitaire dans votre joli bureau

2. Fiez-vous à votre intuition : comme manager intermédiaire, les processus, les modes de gouvernance vous ont « formaté » à décider de manière uniquement rationnelle (scénarios, risques, ROI, …) ; retrouvez le goût de prendre des décisions en vous basant plus sur votre intuition, votre sens business, votre expérience, … faites-vous confiance, faites confiance à votre vision initiale, ne cherchez pas à tout justifier de manière pseudo-réfléchie

3. Copiez les bonnes idées des startups : démarrer petit, faire simple, avancer de manière « test and learn », rester frugal … autant de bonnes pratiques assez simples à copier/coller qui permettent d’être créatif et innovant tout en limitant les risques ; ne vous privez pas de ces processus et approches lean qui privilégient la créativité et la vitesse d’exécution ; cela renforce et encadre l’audace !

4. Célébrez les succès : l’expérience du succès – même tout simple- engendre mécaniquement une dynamique positive individuelle et collective. L’audace doit être partagée, communicative, virale, … pour devenir vraiment efficace. A l’image des startups, reconnaissez les victoires, mettez en avant les progrès, communiquez de manière plus transparente sur les résultats, …

 « Quoique tu rêves d’entreprendre, commence-le. L’audace à du génie, du pouvoir, de la magie » Goethe

 Ouverture et audace : Nous sommes conscients que ces deux postures ne permettront pas à elles seules de réinventer le management, les organisations du travail, les cultures d’innovation … des grandes organisations du CAC 40. 

 Mais on pourrait aussi traduire « ouverture et audace » par « mieux comprendre le monde et s’y adapter », et ça nous pensons que c’est un bon début, une bonne résolution pour démarrer cette nouvelle année. 

 

 Belle année 2019 tous nos amis managers et startuppers !